Patience
C'est dans la nuit la plus noire que les faibles lumières éclairent les visages pâles, lassés d'attendre patiemment que le soleil se lève enfin et efface les rides profondes creusées dans la peau fatiguée au fil des chagrins solitaires.
C'est dans la nuit la plus noire que je me suis arrêté devant un lampadaire parisien, en regardant les papillons de nuit et les mille insectes volants tourner en orbite autour de la petite lune jaune, en les imaginant briller de mille splendeurs en plein jour, tels de fiers oiseaux aux plumes châtoyantes. Mais ces pathétiques créatures à six pates ne sont hélas pas plus intelligentes que moi, et finissent par tomber raides sur le béton gris des bords de Seine, le corps foudroyé et l'esprit brûlé par leur obstination qui les a poussés encore plus près de ce feu infernal, jusqu'au contact fatal.
Quand le matin viendra, le vent du matin balaiera ces corps inanimés et les dispersera au gré de son caprice. Les yeux bouffis par une nuit de lutte contre moi-même, vidé de toutes mes pensées nocturnes, j'irai retrouver mon appartement. Je m'endormirai au lever du jour pour me réveiller en plein après-midi. Je plisserai les yeux en tentant d'apercevoir les contours noirs du soleil à son zénith. Adieu papillons de nuit, je sortirai flaner dans les rues désertes d'un quartier inconnu de Paris, et je respirerai à pleines narines le parfum vert de mon printemps.
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