Singularité auto-récurrente dans la matrice spatio-temporelle
3 boules. Une pour mes 10 ans, une moyenne pour mes 20 ans et une grosse pour mes 30 ans.
A 10 ans, une camarade de classe secrètement amoureuse de moi frappe à ma porte et s'enfuit aussitôt en me laissant un bonbon au caramel. Puis je reçois une lettre enflammée qui sent la fraise, mais que je ne comprends qu'à moitié car écrite en coréen...
A 20 ans, secrètement amoureux d'une pianiste, je passe mon temps à répéter des morceaux déments de complexité et de dextérité, Images de Debussy, dans l'espoir inavoué de pouvoir atteindre un jour son niveau et pouvoir attirer son attention en brillant de mon art pianistique. Double déconvenue: non seulement je ne suis pas bon techniquement au clavier, mais en la recroisant plus tard dans la rue sans qu'elle me remarque, elle n'était pas techniquement jolie, ni au clavier, ni sur le trottoir!
A 30 ans qu'en est-il? Je sais que ma vie sentimentale est truffée d'histoires à dormir debout ou à coucher allongé, mais au moins une chose est claire, je sais que j'aurai toujours des choses à raconter pour marquer les nombreuses décennies que je passerai avec bravoure et dignité je l'espère. Dans le tissu adipeux de la vie quotidienne, je trace une courbe régulière qui, chaotiquement et sans prévenir, tombe sur des singularités auto-récurrentes. Ma matrice spatio-temporelle n'est pas inversible, elle est remplie de nombres tous plus premiers les uns que les autres, ce qui en fait un objet mathématique à dérivées infinies non déterministes.
Heureusement.
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