In Musae Veritas

11 août 2007

Stay in Lane


Voilà, nous y sommes. Il est temps de dire au revoir au blog. Cela m'a pris d'un coup, comme ça, sans prévenir: une envie subite d'arrêter le journal électronique, une envie de foncer, une envie de sortir du tunnel.

Je vais l'imprimer dans son intégralité, le rematérialiser sur du papier palpable, puis me confectionner un petit carnet que je scellerai hermétiquement en attendant le bon moment, dans un an, dans dix ans, dans 60 ans qui sait, où j'aurai une subite envie de le réouvrir et de croquer une tranche de vie gravée dans le marbre de ma mémoire d'individu.

"Samedi 11 août 2007, 09:22 AM, New York, Lincoln Tunnel

Je file à toute allure dans ce tube souterrain qui mène à la ville de tous les gigantismes. La semaine a été intense comme jamais au bureau, à négocier sans cesse avec mes collègues américains venus de tous les pays. Après 2 heures de route non stop sur la US 202 North en mode "cruising engaged 65mph", j'ai enfin mon weekend devant moi pour venir humer les vapeurs métroiques qui s'échappent des bouches d'égoûts de NYC. Je connais désormais cette ville, les fastueuses vitrines "Banana Republic" ou "Cole Haan" sur Broadway ou Park avenue, mais aussi les pavés défoncés de Canal Street, l'écureil obèse de Central Park ou les grillages déchirés d'un terrain de basket ball sur Brooklyn. Je connais le goût des Jumbo Chili & Melt Cheese Hot Dogs de l'angle de la 5ème et de la 88ème street près du Guggenheim. J'entends les sirènes des voitures de police de la ville où l'on peut lire "Courtesy, Professionalism, Respect". La nuit, à l'hôtel près de Newark Intl Airport, je ferme les yeux et revois le langage signalétique des infrastructures routières américaines... EZ Pass no cash only... NJ Turnpike... Do not litter... Fines doubled... Report aggressive drivers...

Je suis aussi venu ici pour retrouver cette bonne vielle culture européenne qui ont marqué les derniers siècles: dans les galeries du Metropolitan Museum ou du Guggenheim, je retrouve avec un certain sentiment de fierté Turner, Kandinsky, Seurat, Braque, Bonnard, Matisse, Degas et toute la bande. Qu'il fait bon retrouver d'anciens amis qui ma foi n'ont pas changé.

Stay in lane disent-il à l'entrée du tunnel. Oui, c'est ce que je vais faire: I'm gonna move on and stay in my own lane"
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08 août 2007

A malin malin et demi


Voici à quoi ressemble un hypermarché américain dans le New Jersey. Hier, un américain m'a assuré que ce serait le supermarché le plus énorme que je n'aurais jamais vu de ma vie... force étais-je de constater qu'il n'en était rien et je lui ai promis de lui faire visiter Carrefour la prochaine fois qu'il viendrait en France: eh oui, nos hyper aussi larges que deux fois la surface d'un terrain de footbal (américain) n'ont rien à envier au gigantisme du continent d'outre-atlantique, voire au contraire, peuvent se vanter d'être plus grands!

Voici la réflexion que je me suis faite ensuite: comment se fait-il que les US, ce pays où la consommation fait office de loisir de masse, ne possède pas les hypermarchés les plus vastes au monde? Comment se fait-il que les US où l'on trouve deux double-lits king size dans la plus petite chambre d'hôtel de niveau moyen n'aient pas pensé à construire des lieux d'achat-vente de masse plus massifs?

Serait-ce donc l'inverse? Doit-on en conclure que les foyers français de classe moyenne consomment plus qu'aux Etats-Unis? Les détracteurs du pays au dollar vert et à l'or noir se seraient-ils mis les doigts dans l'oeil jusqu'au coude à tel point de ne plus voir ces immenses usines à consommation pousser dans leur propre pays?

Et vous savez la meilleure? J'ai perdu du poids depuis que je suis aux US... A croire que le monde tourne à l'envers.
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17 juillet 2007

Les souvenirs de Vienne


Vienne, un soir d'hiver, 23h56. Le froid sec et agressif transit ses narines engourdies; il s'arrête sur la passerelle au-dessus du rail, en essayant de distinguer au loin si un métro arrive.

Sur le côté gauche sont des gens qui attendent, parsemés au gré des lumières régulièrement espacées. Il se demande à quoi ils peuvent penser. Bientôt un train va déboucher de l'horizon, et venir les engloutir dans un tourbillon de bruit et de crissements métalliques.

Sur le côté droit, personne. Pourtant les mêmes lumières éclairent le quai à distance fixe, comme les secondes qui marquent le temps. Bientôt, sans prévenir, un train va déboucher subitement sans qu'il ait eu le temps de le voir venir, et va vomir son flot de passagers anonymes qui se disperseront sur le béton gris de la station, avant de tous disparaître en quelques instants.

D'un côté, les quelques souvenirs du passé attendent d'être rafraîchis par sa mémoire et revécus par la nostalgie qui sommeille en lui. Il se demande ce que sont devenus les êtres qu'il a croisés il y a 1 jour, 1 mois, 1 an, 1 décade. Mais bientôt, le train va venir les chercher un à un, puis les faire disparaître de son champ de vision pour les emmener loin derrière, comme pour tourner la page d'un livre dont on ne connaît pas la fin.

De l'autre côté, personne. Même si le temps s'écoule à la même vitesse qu'il y a 1 jour, 1 mois, 1 an, 1 décade, l'attente est plus angoissante car il ne voit rien venir et il ne peut pas anticiper. Mais soudain, une locomotive crachant sa vapeur et fumant de toutes ses pores va surgir sur le quai de Karlsplatz, et va décharger des wagons entiers venus d'on ne sait où, avec son lot de personnages et de caractères qui marqueront son esprit et renouvelleront ses souvenirs. Puis le bolide va s'ébranler pour emporter loin devant des souvenirs qui n'ont pas encore eu leur heure de gloire.

Pour connaître la suite, il sait ce qu'il lui reste à faire: prendre le train et descendre à la station suivante.
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02 juillet 2007

L'histoire dont vous êtes le héros


Dites-moi...

Avez-vous déjà eu l'impression que votre vie est une pièce de théâtre loufoque écrite par un marionnettiste à l'imagination fertile dont vous n'êtes que l'un des pantins parmi tant d'autres? Avez vous déjà eu la sensation de vous retrouver en plein dans une histoire tragi-comique, entre rendez-vous manqués et coïncidences troublantes, mais si convenues? D'être au centre d'une intrigue animée de caractères tellement inimaginables mais tellement réels, de vivre des rebondissements tellement bien agencés, tellement spectaculaires qu'on en devine la mécanique providentielle? D'être face à des quiproquo, des malentendus, des coups de théâtre et des renversements de situation tellement énormes d'improbabilité qu'ils n'en sont que plus réels?

Le décor est posé. Le texte appris. Les dénouements ingénieux. Vous déclamez des belles paroles d'espoir qui se perdent dans le vide d'un auditoire distrait.

Et puis un jour, le marionnettiste se lasse de ce vaudeville et décide de le transformer en drame cornélien. Vous vous retrouvez face à un dilemme atroce qui vous oblige à choisir entre le miel et l'ambroisie. Vous souffrez. Vous vous débattez, désespérez, sombrez peu à peu dans la démence interieure qui s'aggrave au fur et à mesure que vous tentez de n'en rien montrer de l'extérieur. Mais il ne faut pas que le héros meure. Donc le marionnettiste change de registre et passe à la comedia dell'arte, afin de reconfirmer les stéréotypes des gens qui vous entourent. Vous retrouvez la paysanne médisante, le meilleur ami jaloux, le bourgeois matérialiste, le noble perdu dans ses idéaux, l'insolent bouffon qui bouscule poliment les règles de bienséance. Les décors changent, les rideaux tombent, le public applaudit, désapprouve, pleure, siffle, compatit, critique, mais au final, se lève des sièges pour déserter la salle. Fin de la scène, fin de l'acte, fin de la pièce. Epilogue? Non, juste une représentation de plus qui précède une autre le lendemain.

Mais aujourd'hui, quelque chose s'est produit dans cette mécanique si bien huilée. Une singularité dans la courbure de l'espace temps. Il a suffit de moins d'une micro-seconde. Un coup d'état dans le théâtre. Un éclair de poudre de magnésium qui a ébloui tout le monde, à commencer par l'acteur principal. Un accident dans le décor. Un trucage non prévu dans le scénario. Vous rêvez? De quoi? D'un acteur qui cesse de jouer la pièce, mais qui soudain se met à vivre. Une histoire qui se déroule alors qu'elle n'est écrite nulle part. Le marionnettiste, étonné, passe du statut de créateur à celui de spectateur. L'acteur prend le rôle du créateur. Les spectateurs reprennent leur liberté et deviennent acteurs en interagissant avec le décor...

"Les neiges éternelles ne fondent jamais. Pourtant, d'elles immobiles jaillit la source fuyante d'eau fraîche, source de vie et du reste."

Ma vie n'est pas un engrenage rond et régulier aux yeux des horlogers de ce monde.
Ma vie n'est pas un papier carbone qui duplique un schéma bien éprouvé.
Ma vie n'est pas une table des matières où l'on connaît déjà le dernier chapitre
Ma vie n'est pas une batterie d'appareil photo que l'on recharge.
Ma vie n'est pas une télécommande à boutons.
Ma vie n'est pas fiche de salaire qui évolue parfois.
Ma vie n'est pas un process de fabrication, ni une séquence dans un flux d'information.

Peut-être.

Mais j'aurai une belle histoire à vous raconter, une histoire vraie.
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25 juin 2007

Le poing de la victoire




23:50 - 10 minutes avant de se dire au revoir
23:51 - rendez-vous dans 2 mois jour pour jour
23:52 - on va disparaître chacun l'un pour l'autre
23:53 - le silence est doux
23:54 - ça ne te fait pas peur?
23:55 - moi non, j'ai confiance
23:56 - tu raccroches
23:57 -
23:58 - il n'est pas encore minuit, tu me rappelles
23:59 - ne me dis rien, s'il te plaît
00:00 - Plus que 61 jours.

"Quand tu joues du piano, joue comme si c'était la dernière fois"

"Être cet animal pour lequel l'amour est un instinct."
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La vie est un accordéon


La vie est un accordéon
En solo ou avec chanson
Je pousse pour souffler
Je tire pour respirer

D'un côté je choisis la mélodie
Décide de ce que je veux pour midi
De l'autre je cale l'accompagnement
M'aligne sur le reste poliment

Si je suis d'humeur joyeuse
Je choisis le registre des aigües
Et développe les notes soyeuses
Avec le même doigté assidu

Si je me suis levé du pied gauche
Je passe au registre des graves
Et de mouvements brusques je fauche
Cet air mélancholique et slave

Cette boîte à vent qui fait du bruit
S'accroche à moi par les bretelles
Cette soufflerie porte ses fruits
Et produit cette musique pastel
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18 juin 2007

Welcome to your room Mr. Panda



Here you are, once again in your hotel room
Don't have time to sing nor see the flower bloom
As always you will be in a rush
And only think your buffer to flush

Do you know this feeling, do you see what I'm saying
Do you understand that some things are not for buying
You must admit that you're running out of time
So take one second and write a little rime

Tomorrow when you'll wake up early enough
The sun will not have risen, that's tough
But it's alright it's okay
Now you know you're on your way

Wish you good night my friend and don't tell
Even if you doubt and think your life is hell
Don't tell that you're wasting your time
'Cause there's a lot more to climb


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13 juin 2007

" Bonsoir, ce message ne m'est pas destiné. Bonne soirée."


Avez-vous déjà reçu un texto qui ne vous était pas destiné? Eh bien, ça vient de m'arriver et voici la dialiectique par laquelle je suis passé:

1- vous vous retrouvez soudain projeté dans l'intimité de quelqu'un malgré vous, et comme un voyeur débutant, vous n'arrivez pas à détourner le regard
2- vous vous dites "est-ce que j'aurais bien voulu être le destinataire de ce texto"?
2a- si la réponse est oui, vous êtes frustrés.
2b- si la réponse est non, vous ne pouvez vous empêcher de vous imaginer le contraire
3- et vous vous dites que la personne qui l'a envoyé s'est trompée par habitude (vous devez sans doute être dans le top 3 des destinataires de texto les plus fréquents)
4- et vous vous marrez finalement en vous disant "bah soit cette personne s'est rendue compte de cette erreur et elle doit bien stresser, mais va feindre l'innoncence, soit elle ne s'en est pas rendue compte, et elle peut toujours attendre pour avoir une réponse.
5- et vous hésitez, puis finalement lui renvoyez un texto (en prenant bien soin des destinataires) en lui disant " Bonsoir, ce message ne m'est pas destiné. Bonne soirée."

En tout cas, pour résumer, moi, tel ce chérubin surpris à vomir des jets d'eau pure et fraîche sur le Trafalgar Square, moi ça me donne la gerbe.

Allez, vive les télécommunications. Heureusement que les blogs sont là pour se défouler.
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02 juin 2007

Albert, laisse le ballon tranquille

Albert m'a demandé un jour ce que je ferais si je pouvais courber l'espace temps.

Je lui ai demandé en quoi ça consistait.

Il m'a dit: "Imagine toi un ballon de baudruche moyennement gonflé. OK? Avec un feutre, tu trace sur la surface 2 petits points pas trop éloignés. Puis avec tes mains, tu tords ton ballon dans tous les sens. Les 2 points qui étaient à proximité se retrouvent complètement séparés, ils se retrouvent à des faces opposées, ils ne se voient plus. Imagine maintenant que le ballon, c'est l'espace temps. En courbant l'espace temps, tu peux ralentir ou accélérer le temps, tu peux te retrouver face à des scènes du passé ou du futur, tu peux voyager où tu veux en un clin d'oeil, tu peux réduire un continent à l'état de boulette de papier, tout comme tu peux étendre ton 2 pièces parisien de 45 m² à 45 km², tu vois?"

Là, j'avoue que je suis resté un peu bouche bée comme un idiot.

Mais il m'a dit "Tu peux aussi laisser le ballon tranquille et rester ici au présent"

Je lui ai alors répondu: "C'est exactement ce que j'allais te répondre, Albert. Mais dis-moi: quand est-ce que ça explose?"

Albert: "Quand les forces que tu appliques sur l'espace temps sont supérieures à l'énergie intrinsèque du système pour garder sa cohérence. A ce moment là, l'espace disparaît, donc le temps aussi."

Moi: "Raison de plus pour laisser le ballon tranquille"
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25 mai 2007

10 things to do in London when you escaped from the office for 3 days

1/ Rent a scooter near the Waterloo train station (don't mention you're French otherwise they'll laugh at you and you will be forced to recall for Austerlitz memory)
2/ Drive straight down to Westminster to see the House of Parliament, the Big Wheel, the Big Ben, the Big Mamma etc. (if a beautiful Russian tourist asks you "Is this the Thames river", pretend not to know and start a friendly chat)
3/ Go to the National Gallery (because your favorite painters are Canaletto and Turner, and basically, no museum has both of them except the National Gallery)
4/ Go to Leicester square and buy tickets for tonight musicals (don't pay by credit card or they will charge you extra 2£)
5/ Enjoy the Phantom of the Opera at Her Majesty's Theater (try the cookie - caramel butter ice cream during the entract: it is fantastic)
6/ At Madame Tussaud's, try to search for your own wax statue (if you find it, call me, I'll ask you for an autograph)
7/ At Tate Britain, try to search something else than a Turner painting (if you find one, don't call me, I'm not interested)
8/ Take the ferry from Tate Britain to Tate Modern (try to avoid sitting at the same place as a French group of teenager tourists. Why? You ask me why?)
9/ Enjoy "STOMP" at the Vaudeville (Book for the F raw, they will put you at C row with the best view ever)
10/ Stop at a cybercafé and show off to your friends by sending them emails and pictures.
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