Flash de lucidité...

Je suis resté hypnotisé devant cette toile aperçue aux Hospices de Beaunes.

Bon sang... mais bien sûr... pourquoi ne l'ai-je pas compris plus tôt?

Moi qui croyais que le cheval m'emmènerait là où je ne pourrais jamais aller seul, moi qui croyais qu'il galoperait à des allures folles à m'enivrer de plaisir, moi qui croyais que je m'agripperais à sa crinière dans une course démente, le visage fouetté par le vent, les yeux laissant échapper quelques larmes de froid et d'excitation... Mais diable, il faut regarder la réalité en face: le cheval a une jambe coupée, il saigne et hennit derrière moi en implorant de s'arrêter, de faire demi-tour à l'écurie.

J'ai compris: ce n'est pas moi qui ai besoin du cheval, c'est le cheval qui a besoin de moi.

La prochaine fois, je ferai moins attention à la fière allure de la monture, plus à la véracité du rôle qu'elle veut jouer.

Voir flou ou ne pas regarder

Cette enfilade aperçue dans une église romane m'a troublé. Chaque demi-cercle, parfaitement géométrique et similaire aux autres, est légèrement décalé de l'axe, ce qui donne une impression vertigineuse de profondeur et de relief.

J'ai essayé de "réfléchir avec les yeux" en fixant le point le plus éloigné pour voir si mon esprit extrapolerait les irrégularités et rendrait l'ensemble plus aligné... mais pas moyen: mon regard s'est affolé, en tentant de faire la mise au point tantôt trop près, tantôt trop loin. Quoiqu'il arrivât, il y avait des zones de flou et je n'ai pas réussi à saisir une seule image nette de cette suite perturbante avec l'unique usage de mes propres yeux.

Instinctivement, j'ai saisi mon appareil photos et ai figé cette illusion d'optique qui au final, n'en est franchement pas au vu du résultat...

Alors voilà. Je me suis dit que quelques fois, quand on n'arrive pas à saisir des situations peu claires et que notre environnement nous semble fuir et s'échapper à chaque tentative de le contrôler, il faut tout simplement suivre les trois principes que voici:
1- Arrêter de paniquer et respirer un bon coup
2- Ne pas chercher à comprendre pourquoi la situation nous échappe
3- Saisir sans réfléchir l'outil dédié pour ce genre de situations et l'utiliser sans vergogne

La maîtrise ne viendrait donc pas forcément de notre force intrinsèque, mais de la connaissance de la signification de chaque élément qui nous entoure.

Le tunnel

Parfois, la longueur du tunnel nous fait oublier qu'il y a une issue tout au bout. Plus on avance, plus on stagne, car les colonnes se répètent les arcades se ressemblent, les murs semblent glisser à la même vitesse que nos pas.

Je suis dans ce tunnel, sans lumière, sans carte, avec pour seul moteur ma volonté d'avancer, qui, si on y réfléchit un peu, est bien peu de chose.

Ce soir, j'ai compris une chose, c'est qu'avant de s'introduire dans un tunnel, il vaut mieux en connaître sa longueur, s'assurer que l'on a assez de vivres pour ne pas se retrouver englué en plein milieu, à moitié mort de faim, tiraillé entre l'espoir d'avancer et l'envie de faire demi-tour.

"γενηθήτω φώς"

"יְהִי אוֹר"

1:1 - In the beginning God created the heaven and the earth.
1:2 - And the earth was without form, and void; and darkness was upon the face of the deep. And the Spirit of God moved upon the face of the waters.
1:3 - And God said, Let there be light: and there was light.
1:4 - And God saw the light, that it was good: