In Musae Veritas

14 novembre 2006

Les tests de personnalité


Les tests de personnalité sont toujours très impressionnants. A chaque coup, on a envie de dire "c'est dingue comment le texte est juste, comment il dit vrai sur moi, comment il m'a exactement cerné".

En fait, je pense que ce qui est réellement impressionnant c'est notre propre lecture que l'on fait de ces tests, c'est notre prédisposition à faire résonner en nous-même les mots qui nous sont importants.

Ces tests ne sont pas la vérité absolue, ce serait une erreur de se réfugier derrière en se disant "je suis comme cela, ni plus ni moins". On risque de figer sa personnalité dans une boîte.

Disons que ces tests sont un peu comme quand on se réveille en pleine nuit, et qu'on allume la lumière une fraction de seconde juste pour figer le lieu, histoire d'imprimer l'emplacement des meubles et de ne pas se cogner contre eux en marchant dans le noir une fois la lumière ré-éteinte. Posted by Picasa

Diantre! Lu sur Psychologies.com, après un test...


Une jalousie possessive
Votre jalousie exprime avant tout la peur d’être abandonné(e)…
Vous avez besoin d’être sous les feux de la rampe, afin d’être reconnu(e), voire admiré(e). Vous jouez de votre séduction, et plus les regards et l’attention sont portés sur vous, plus vous avez le sentiment d’exister et d’avoir de la valeur. Mais si l’autre joue sur le même terrain que vous, il devient un rival qui vous dérobe une partie de votre dû…
En couple, vous évoluez souvent dans des relations fusionnelles. Vous donnez abondamment, parfois de façon excessive. L’autre est tout pour vous : il vous apporte un sentiment de force et de puissance. Il est le pilier sur lequel vous prenez appui. C’est pourquoi, dès qu’il porte son attention ailleurs, vous avez la douloureuse sensation d’être amputé(e) de son amour. Et, pour lutter contre cette impression d’abandon, vous vous manifestez avec fougue - quitte à dépasser les limites - afin qu’il ne voie de nouveau que vous…
Pourquoi la jalousie prend-elle chez vous cette forme passionnelle ? Pour vous, l’amour semble ne pouvoir se conjuguer que sur un mode exclusif. « Si l’autre donne de l’amour ailleurs, c’est qu’il m’aime moins, et que je ne compte plus à ses yeux. » Vous avez probablement vécu des relations qui devaient vous mettre sans cesse en compétition avec un autre. Peut-être vos parents jouaient-ils de la rivalité entre vous et vos frères et sœurs ? Ou vous a-t-on fait croire que seul(e), vous n’étiez rien. Que votre valeur et votre bonheur dépendaient uniquement du bon vouloir des autres…
Le résultat est que vous avez peu d’estime pour vous et que vous recherchez désespérément celle-ci à l’extérieur… Aussi, réappropriez-vous symboliquement votre valeur en travaillant votre confiance en vous et votre force intérieure. Vous serez plus libre dans vos relations, et n’aurez plus le sentiment d’être abandonné(e). Posted by Picasa

05 novembre 2006

Mon moment de gloire


C'était un samedi matin de l'année 1988, j'étais à l'école coréenne. Le professeur avait décidé de faire de la musique, et tous les élèves étaient venus avec leur flûte à bec en plexiglas. Ils avaient eu une semaine pour apprendre par coeur un morceau de 20 secondes, et chacun devrait passer à son tour devant la classe entière pour s'exécuter avec courage et résignation.

Tous mes camarades de classe étaient fébriles. Ils savaient l'intense moment de solitude qui les attendait, et ils redoutaient leur passage comme des veaux fermiers que l'on étiquetterait à l'oreille à l'aide d'une agrafeuse de numéro.

Dans la liste, j'étais le douzième à passer. Bien entendu, je n'étais pas là la semaine dernière donc je n'avais ni eu le temps d'apprendre le morceau, ni eu l'idée d'apporter ma flûte à bec.

Pas grave. Je demandais dignement à mon binôme de me prêter son instrument au moment de ma sentence. Il y consentit avec un solennel gémissement, comme si ma bave allait souiller sa flûte.

Puis, muni de l'instrument de torture, je me mis à écouter les onze premiers condamnés. Sans souffler dans le tube à trous, j'essayer d'imaginer les doigtés qui pouvaient correspondre au morceau. Je sentais le désespoir m'envahir, et surtout, la ridiculisation me gagner. Je tremblais de tout mon coeur, et mes mains étaient moites d'appréhension.

Puis vint mon tour. Je me levai tel un bagnard, traînant des pieds vers l'estrade, puis me figeais devant l'auditoire.

Et puis, mécaniquement, limpidement, distinctement:
mi do re mi sol re re re
mi do re mi sol la la la
do si la sol
do si la sol
mi do re mi sol re re re
mi do re mi sol la si doooooooo!

Soudain, gigantesque tonnerre d'applaudissements, fièvre fanatique d'acclamations, défoulement débridé de 59 camarades de classe aux yeux bridés, 59 paires de mains qui frappent les bureaux branlants, 59 paires de pieds qui tapent sur le parquet de la classe, jubilation générale et raz de marée de hourras façon coréenne.

Moi le cancre de la classe, moi le dernier en toutes matières, j'avais prouvé au monde entier de l'univers que oui, j'étais capable de faire quelque chose de juste et de beau. Posted by Picasa

01 novembre 2006

Quand la ville fait semblant de dormir


La ville ne dormait pas, elle faisait semblant d'être somnolente, mais le froid vif et piquant empêchait définitivement les rues et les habitants de sombrer dans le sommeil.

A ce moment précis, j'étais moi-même le Danube, tout habillé de noir, liquide et coulant à travers la ville, balançant entre Buda et Pest sans arriver à me décider d'envahir définitivement le territoire de l'une d'entre elle et inonder ses ruelles dans des torrents violent et incontrôlables. Je voulais tout et je ne voulais rien. Je voulais grandir et rester puéril, je voulais ce qui était en-haut, et en-bas.

Finalement, je n'ai eu ni l'un ni l'autre, mais je me suis contenter d'avancer sur le chemin qui était déjà tracé, et de déverser mon eau, mon limon, ma faune et ma flore dans l'eau salée de la mer.

C'était un soir glacial d'hiver, en plein coeur de la ville de Budapest, entre l'hôtel de luxe et les rues remplies de demoiselles aux moeurs douteuses. Le palais s'est réveillé d'un coup, insolemment, éblouissant le passant de sa robe dorée, comme pour dire "je suis là, au-dessus de vous, regardez-moi, prenez conscience ma grandeur et désespérez."

J'ai vu, j'ai compris, et j'ai pleuré. Posted by Picasa